Idée de week-end fleuri à Chiba
- Petit Prince Alex
- 14 juin 2024
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 juin 2024
La préfecture de Chiba 千葉県 à l'Est de Tokyo est une sortie estivale très agréable à faire en Eté lorsque les iris et festivals fleurissent. Petites idées d'activités à faire à moins de 90 minutes de la capitale...

Souvent réduite à la présence du premier aéroport international du Japon, Narita, la préfecture de Chiba et sa capitale éponyme a pourtant plus d'un tour dans son sac pour se transformer en véritable bouffée d'oxygène proche de Tokyo. Pour se rendre à Chiba-shi, rien de plus facile puisqu'il suffit de prendre la JR Sobu Line pour un trajet de 40 minutes. Et voilà, bienvenue dans un hub qui va nous permettre de découvrir plusieurs jolies adresses !
Chiba-shi, la capitale
La ville de Chiba 千葉, qui signifie "milles feuilles" en français, compte un peu plus de 6 millions d'âmes autour de la baie de Tokyo dans un caractère plus détendu que sa grande soeur, articulée principalement autour de trois zones majeures :

La gare JR est l'axe principal pour se déplacer en dehors de la ville ou en son coeur grâce à son monorail suspendu, dont les lignes dessinent les courbes de la ville, mais aussi pour son fourmillement de bonnes adresses shopping et culinaires ! D'ailleurs, le monorail est d'une propreté et d'un confort sans égal pour une balade aérienne au-dessus des rues et des habitants.
Le second poumon de la ville est son grand parc Chibakoen, où s'arrête d'ailleurs le monorail. Jardin où de nombreux stands de nourriture yatai ou échoppes de souvenirs artisanaux sont dressés, de petits spectacles d'artistes ont aussi lieu la journée. Il est fleuri surtout en Eté avec son étang aux lotus et ses familles qui aiment s'y balader.
A quelques pas est niché le grand temple local, le Chiba Jinja, associé au clan de Chiba et où l'on vénère la divinité Shinto Ame no Minakanushi (l'une des premières divinités à être apparue à la création du Paradis et de la Terre). Véritable lieu de prières et de processions, mais aussi de mythes, on peut venir y faire bénir son véhicule ! C'est bien le seul endroit où j'ai vu une telle possibilité au Japon. Plusieurs pavillons permettent de prier sa divinité protectrice comme Tenjin (la divinité des études) devant le haiden dédié, ou profiter du calme ambiant et du petit étang et son pont pour y faire de jolis clichés. Un joli belvédère pour en apprendre plus sur les rituels Shinto et les objets du quotidien divinisés, comme ce rocher entouré d'une corde shimenawa.
Définitivement un point de départ idéal pour s'imprégner de l'ambiance de Chiba !
Nokogiriyama, le plus grand Bouddha du Japon !
Ma véritable première virée visait le littoral Sud de la préfecture et la montagne sacrée de Nokogiri. Pour s'y rendre, depuis la gare de Chiba, il faut emprunter la ligne JR Uchibo pendant deux bonnes heures et admirer le lent panorama de la baie de Tokyo qui s'ouvre sur l'océan. Arrivé dans le petit village en bord de mer de Hama-Kanaya, le téléphérique se laisse deviner pour atteindre le sommet de la petite montagne. Bourgade sans histoire, Hama-Kanaya a tout de la belle histoire Japonaise avec ses maisons défrichées, sa gare vétuste sans gardien et son bord de mer salé où quelques pêcheurs se rejoignent gaiement.

L'histoire prend un agréable tournant lorsque s'ouvrent les portes du Nihon-Ji, un charmant temple bouddhiste à l'histoire fascinante qui embellit la péninsule de Boso. Pensé comme un petit labyrinthe avec ses nombreux escaliers, c'est un pélerinage important pour tout croyant bouddhiste puisqu'il habite nombre de représentations de Bouddha directement sculptées dans la roche de la montagne par le moine et artisant Jingoro Erei Ono et ses 27 disciples à partir de 1779. Assez récent, le temple naturel a conservé toute son aura jusqu'à sa scène principale sur un imposant Daibutsu de plus de 30 mètres de haut, soit le plus grand du Japon ! Il représente Kannon, la déesse de la compassion, et revêt le nom de "hyakushaku Kannon" pour "Kannon de 100 pieds de haut". Juste derrière se trouve un point de vue à 380 mètres d'altitude depuis un rocher avancé sur la mer nommé "Jigoku nozoki" pour "coup d'oeil vers l'enfer". Tout au long de la randonnée, 1500 statues de Rakan, les disciples de Bouddha, vous escortent de compassion et bienveillance. Certaines furent décapitées suites aux mouvements anti-bouddhistes de la restauration de l'ère Meiji à partir de 1868. Au sommet, la vue sur la baie de Boso et le mont Fuji par temps clair offrent un souvenir et un panorama inoubliable. Une véritable claque pour tout amateur de culture Nippone et de nature, tout en étant très accessible.
Temple Nihon-Ji, ouvert tous les jours de 9h à 16h, ¥700
Sawara, la petite Edo et le jardin aux iris de Katori
Nouvelle journée, nouvel objectif ! Cette fois-ci, direction le Nord jusqu'à Sawara, petit village innocent mais qui a gardé la chaleur de l'Histoire du Japon. En effet, impossible de s'y tromper lorsqu'on s'y balade après une heure de train via la JR Narita Line, l'architecture le long de son joli canal un peu plus loin des maisons désuètes nous ramène invariablement à l'époque d'Edo, entre 1600 et 1870 grossièrement, lorsque le Japon se réunifia.

Bâtiments de bois noir et rues pavées offrent un voyage dans le temps. Sawara désigne le quartier historique de la ville de Katori qui s'articule autour de la rivière Ono et débute avec le pont Kaiun bashi, où se mêlent les marchands et les touristes en quête de souvenirs ou d'une balade en barque. Sawara est une ancienne cité marchande où transitaient les marchandises jusqu'à Edo, la Tokyo que nous connaissons aujourd'hui. Saké, papier washi, sauce soja ou riz y formaient le coeur du commerce d'alors.
Sawara est aussi un haut lieu de festivités puisque chaque année y a lieu l'un des plus importants festival de chars Shinto en Eté et en Automne ! D'ailleurs, au sein de l'innocent et quelque peu excentré temple Yasaka Jinja, presque rendu au temps et à la nature, se cache le musée du matsuri où sont abrités les chars utilisés ! Le Sawara Dashi Kaikan est une jolie plongée dans le folklore nippon, on reste notamment impressionné par la finesse des sculptures, la grandeur des chars de 8 mètres de haut et la richesse des instruments de musique exposés. Si l'occasion se présente, je ne peux que vous recommander de vous immiscer dans ce festival magique et vous laisser bercer par ses histoires et sa joie.

Mais Sawara ne se limite pas qu'au canal historique ! En sortant un peu des sentiers battus, il est possible de trouver quelques pépites pour égayer sa journée de découvertes. C'est notamment le cas du temple Kampuku-Ji dédié au moine bouddhiste, créateur du Shingon ésotérique, Kobo Daishi alias Kukai.
Lové en pleine verdure, habité par plus de chats que de curieux, le lieu respire la tranquilité et le mysticisme qui fait du Japon une terre unique et intemporelle. Les tenants des vieilles bâtisses du temple sont affables à l'heure de conter l'histoire de la ville, et vous invitent à y flâner jusque dans les bois qui entourent le cimetière, au delà de la porte torii de granit envahie de lierres. Une occasion en or de ramener avec soi un omamori original, mais surtout un souvenir impérissable.
La ville de Katori propose enfin une jolie excursion rafraîchissante en Eté, lors de la période des pluies du "tsuyu" 梅雨 alors que les plantes de sols humides fleurissent, comme les iris, hortensias ou lotus.
En prenant à nouveau le train à Sawara jusqu'à Junikyo (2 arrêts, 5 minutes), la longue route sous la ligne de chemins de fer mène au parc aquatique de Ayame, qui signifie littéralement "iris" en japonais. Une idée de ce qui nous y mène.
Le jour de ma venue, je n'avais pas trouvé la grande entrée face au parking, mais la gentillesse des locaux m'a permis de vite retrouver mon chemin pour me balader au milieu des fleurs lors du festival des iris qui y a lieu chaque mois de Juin. De nombreuses activités ont lieu pour l'occasion comme cette dresseuse de singe, ces balades en barque le long des petits canaux ou la possibilité de ramener avec soi les plantes du festival. Chaque allée de fleurs permet d'en apprendre plus grâce aux petis panneaux de bois renseignant sur l'espèce en question. Le jardin aquatique héberge en effet plus d'un millions d'iris et référence quelques 400 espèces différentes. De quoi en apprendre plus sur les micro-saisons qui colorent le Japon avant de rentrer à Chiba. La ville de Katori est aussi le point de départ vers Kashima et ses nombreuses merveilles si les vacances s'allongent et les jours le permettent...
Bref...
Ce n'était qu'une idée de week-end fleuri à Chiba, 48 heures noyées dans d'innombrables efforts au travail mais cela aura permis de mettre un pied dans la préfecture la plus proche et facilement accessible depuis Tokyo, et s'y amuser pour reprendre forces et souvenirs pour la suite. Chiba-shi et son monorail, Sawara l'authentique, le jardin aquatique aux iris, le plus grand Bouddha du Japon appellent à y revenir pour approfondir cette découverte et y plonger plus intensément la prochaine fois.
Vous serez là ?

Coûts du voyage
Train JR Sobu Line Tokyo sta <=> Chiba sta ¥660
2 nuits pdj inclus au APA Chibachuo Ekimae ¥16 000
Train JR Narita Line Chiba sta => Sawara sta ¥990
Entrée Sawara Daishi Kaikan (09h-16h30) ¥400
Train Sawara sta <=> Junikyo sta ¥210
Entrée Suigo Ayame Park (Juin de 8h à 18h) ¥600 à ¥800
Entrée Nihon-Ji (9h-16h) ¥700
Passage téléphérique Nokogiriyama A/R ¥1200
Train JR Uchibo Line Chiba sta <=> Hama-Kanaya sta ¥1170
TOTAL : ¥25 160 (150€)
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